PARIS – Alors que la saison des bouquets bat son plein, les consommateurs disposent désormais d’une méthode éprouvée pour clore le cycle de vie de leurs arrangements floraux : le compostage. Loin d’une simple élimination des déchets, transformer des fleurs coupées en décomposeurs riches en nutriments offre une solution écologique et un amendement de sol précieux pour les jardiniers. Cette pratique permet de réduire significativement les déchets mis en décharge tout en recyclant la matière organique essentielle.
Le compostage des fleurs est un processus privilégié car les tiges et les pétales constituent une source de matière organique fortement azotée, se décomposant rapidement. Cet apport “vert” est crucial pour équilibrer les matériaux “bruns” riches en carbone — comme les feuilles sèches ou le carton déchiqueté — dans un tas de compost, assurant ainsi un mélange adéquat pour l’activité microbienne.
Préparation Rigoureuse pour un Compost Sans Contamination
Avant d’introduire des éléments floraux dans le bac de compost, une préparation minutieuse est indispensable pour garantir la pureté du produit final. Il est impératif de retirer tous les composants non organiques. Cela inclut les rubans, élastiques, fils métalliques, emballages plastiques, pinces et, surtout, la mousse florale (oasis), qui ne se dégrade pas et peut contaminer le compost.
Les sachets de conservateur floral doivent également être jetés séparément. Souvent composés de sels minéraux et d’agents antimicrobiens, ces produits chimiques peuvent perturber l’équilibre délicat du processus de décomposition naturel du compost.
Guide Étape par Étape pour un Compostage Efficace
La rapidité de décomposition est directement liée à la taille de la matière organique. Les experts recommandent de démanteler l’ensemble du bouquet.
- Dépouillement des feuilles : Retirez toutes les feuilles des tiges. Les feuilles vertes sont une excellente source d’azote et se décomposeront beaucoup plus vite une fois séparées du bois des tiges.
- Hachage des matériaux : Utilisez un sécateur ou des ciseaux pour couper les tiges, fleurs et feuilles en morceaux mesurant entre 5 et 10 centimètres (2 à 4 pouces). Cette réduction de taille augmente la surface d’attaque pour les microbes, accélérant considérablement le processus, en particulier pour les tiges ligneuses des roses ou des lys.
- Équilibrage des couches : Les fleurs sont considérées comme de la matière “verte” (azote). Elles doivent être équilibrées avec des matières “brunes” (carbone), dans un rapport volumétrique idéal d’environ deux à trois parts de brun pour une part de vert. Ce ratio aide à prévenir l’excès d’humidité et les odeurs d’ammoniac.
- Incorporation et aération : Enfoncez les morceaux de fleurs hachées de quelques centimètres sous la surface du compost existant pour décourager les nuisibles. Mélangez l’ensemble et surveillez l’humidité : le tas doit être aussi humide qu’une éponge essorée. L’aération, par retournement du tas toutes les deux semaines, est cruciale pour fournir l’oxygène nécessaire aux micro-organismes.
Considérations Spécifiques pour Certains Matériaux
Le traitement des rosiers, souvent dotés d’épines, ne pose pas de problème majeur, car les épines se désintègrent. Cependant, il faut hacher les tiges très ligneuses en fragments particulièrement petits.
Une précaution s’impose pour les fleurs commerciales traitées intensivement avec des pesticides ou des conservateurs. Pour les jardiniers visant un compost 100 % biologique destiné à des cultures comestibles, il peut être préférable de composter ces fleurs séparément ou de laisser le produit final passer par un cycle de décomposition plus long.
Par ailleurs, l’une des règles les plus importantes est d’éviter de composter les fleurs mortes en raison d’une maladie, afin de ne pas propager d’agents pathogènes dans le jardin. Ces éléments doivent être jetés avec les ordures ménagères.
Alternatives au Bac de Compostage
Pour ceux qui ne possèdent pas de bac de compost, l’enfouissement direct, ou compostage par tranchée, est une méthode simple. Creusez un trou d’environ 20 à 30 cm de profondeur dans le jardin, enfouissez les fleurs hachées, et recouvrez-les de terre. Les fleurs se décomposeront sur place, enrichissant le sol localement.
Dans un tas actif et bien géré, les fleurs hachées se décomposent généralement en un à trois mois. En adoptant le compostage de leurs bouquets, les amateurs de fleurs participent concrètement à un cycle naturel et fertile, transformant la richesse d’un cadeau éphémère en la promesse d’une floraison future.